Marre des Girls !

Il est des séries dont tout le monde vous fait l'éloge. Des feuilletons qualifiés de « phénomènes » à l'intrigue passionnante, au modèle inédit, au thème révolutionnaire. Et pourtant, après le visionnage de quelques épisodes, voire de plusieurs saisons, vous vous dites : mais pourquoi? Seulement voilà, vous êtes déjà pris au piège, et malgré l'exaspération, voire l'aversion que vous procure une série, vous continuer à la regarder. Eh bien c'est ce qu'il s'est passé pour moi avec Girls.

Le pitch initial est plus que prometteur : un Sex and the City revisité version plus jeune (la vingtaine), moins bling bling et physiquement plus raisonnable. On est loin des bombes sexuelles glamours et autres Ken richissimes de Gossip girl! Lena Dunham, l'héroïne – et créatrice de la série – est même un peu rondouillarde. L'intrigue consiste à suivre les tribulations d'un groupe de jeunes femmes sensées représenter la jeunesse d'aujourd'hui : un peu paumées, souvent fauchées, franchement décomplexées, tâtonnant sentimentalement et sexuellement et surtout en pleine crise existentielle sur leur place dans la société. Ces girls là ont sans conteste de quoi aimanter tout une génération, taraudée par les problématiques économiques, sociales et politiques de notre époque.

Des actrices miroirs de nous-même

C'est donc les yeux remplis d'étoiles et le cœur plein d'espoir que j'ai commencé à regarder les aventures new-yorkaises d'Hannah, Marnie, Jessa et Shoshanna. Sans surprise, le phénomène d'identification est immédiat, même si l'on sent que la série se cherche encore un peu. Tous les ingrédients sont là : amitié, sexe, argent. Tant et si bien qu'il est impossible de ne pas se reconnaître


dans un personnage ou une situation. Et l'on se demande comment et pourquoi une telle série n'a pas été inventée plus tôt. Comme nous, les personnages ont des défauts et commettent des erreurs. Comme nous, ils se prennent la tête sur des broutilles qui, sur le coup, semblent essentielles. Comme nous, ils accordent de l'importance à des détails qui, au fond, n'en n'ont aucune. Comme nous, ils rêvent de combiner passion et profession sans vraiment y parvenir. Et c'est précisément là que réside tout le brio de Girls : les personnages sont d'abord et par essence imparfaits. Leurs défaillances, leurs carences sont mises en exergue. Et les notre aussi par la même occasion.

De grands enfants

Pour autant, les personnages de Girls semblent comme coincés dans un entre deux. Entre l'adolescence, où tout est encore possible, et l'âge adulte, où il faut être responsables, raisonnés et réfléchis. Seulement voilà, nos quatre héroïnes ne parviennent pas à se positionner ni à réellement prendre des décisions. On dirait davantage des enfants qui jouent aux grandes personnes. Elles veulent à la fois faire ce qu'elles veulent mais refusent d'assumer les conséquences de leurs choix.


Du coup, ces personnages névrosés et frustrés, attachants en premier lieu, ont peu à peu commencé à me taper sur le système. Le moindre pet de travers et hop c'est parti pour des heures de blabla, et c'est fatigaaaaaant!

Des personnages trop caricaturaux

Trop égocentriques, trop volubiles, les personnages ont le don d'exaspérer. Tous pensent connaître la vérité absolue sur tout et tout le monde. Cette attitude, commune à chacun d'entre nous, est ici décuplée. Et si la démarche est intéressante, parce que réaliste, elle n'en demeure pas moins exagérée, à mon goût. On dirait que Lena Dunham a pris toutes les problématiques possibles et imaginables liées à cette génération, les a mélangées avec de la levure et a attendu que ça gonfle.

Résultat : les situations tombent souvent dans la caricature et ça en devient presque grotesque. Et que penser de ces grands discours pseudo philosophiques sur la vie, l'amour, l'amitié, l'Homme, la société... ? Du verbiage complètement mégalo qui au final parodie voire décrédibilise complètement cette génération. Plongeant tête baissée dans la facilité, Dunham remet en cause la société avec ses gros sabots d'ado vieillissante. Dommage.


A l'instar de ces personnages, me voilà aujourd'hui partagée, tiraillée par cette série à la fois géniale et agaçante. J'en ai marre d'aimer Girls, et j'ai donc décidé de marquer une pause dans notre relation. En attendant, je préfère laisser le bénéfice du doute à Lena Dunham. En espérant qu'au fur et à mesure des saisons elle comprendra qu'un personnage n'a pas nécessairement et perpétuellement besoin d'être caricatural pour fonctionner.


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